Bruno Belthoise / écrits

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L'influence française

En 1910, une œuvre orchestrale marque également l'histoire de la musique portugaise du sceau de l'impressionnisme :
Paraíso Artificiais, poème symphonique de Luís de Freitas Branco (1890-1975). Cette partition qui adopte le titre de Beaudelaire est celle d'un jeune homme de vingt ans dont le style et le caractère ont été façonnés à Paris auprès de Gabriel Grovlez, le créateur de Ma Mère l'Oye de Ravel et du Festin de l'araignée de Roussel. Outre ses huit très beaux poèmes symphoniques inspirés notamment par les lectures de Guerra Junqueiro et Antero de Quental, il composa pour le piano de nombreuses pièces dont Duas Danças, Folhas de Album ainsi qu'une Balada pour piano et orchestre, utilisant des modes spécifiquement portugais.
L'œuvre de Luís de Freitas Branco est considérable et révèle des influences venues non seulement de France, mais également d'Outre-Rhin, ses écrits sont pleins d'érudition et de compréhension du mouvement moderne de l'époque et il parviendra à créer un néo-classicisme qui fit école au Portugal. Pédagogue et co-directeur du Conservatoire National avec Vianna da Motta, il formera dans sa carrière un grand nombre de musiciens parmi lesquels Jorge-Croner de Vasconcellos (1910- 1974), Armando José Fernandes (1906-1983) et Antonio Fragoso (1897-1918), musicien prometteur malheureusement décédé à 21 ans.
D'autres compositeurs remarquables furent influencés par les courants de musique contemporaine de Paris pendant la première moitié du siècle. C'est le cas de Cláudio Carneiro (1895-1963), fils du grand peintre António Carneiro. Excellent violoniste, ce musicien doué d'un tempérament tourmenté et contemplatif débuta ses études à Porto et les poursuivit ensuite à Paris comme disciple de Charles Widor et Paul Dukas. Le succès obtenu à la création de
Prelúdio, Coral e Fuga pour orchestre à cordes, exécuté en 1923 par l'orchestre Colonne sous la direction de Gabriel Pierné, a été décisif pour sa carrière de compositeur. Il partit aux USA en 1926 pour continuer ses études pendant deux ans et épousa la violoniste Katherine Hickel.
Cláudio Carneiro a développé pratiquement toute son activité artistique à Porto où il a été professeur et directeur du Conservatoire de Musique jusqu'en 1958. Selon Filipe Pires, "la très vaste production de Cláudio Carneiro est d'une franche sincérité et d'un grand potentiel expressif, qui repose presque toujours sur des bases formelles traditionnelles, bien qu'utilisant des langages diversifiés qui vont des archaïsmes médiévaux et renaissants au dodécaphonisme."(4)
Les compositions pour piano tiennent un place non négligeable dans sa production parmi lesquelles
Três poemas em prosa (1930) dédiés à Vianna da Motta. Il a consacré une attention particulière au folklore portugais authentique dont il a parfaitement assimilé les racines. Cette démarche est évidente dans Valsas de manjerico (1926) ou Jogos florais (1934) pour piano sur un thème populaire des Açores ou encore à travers les nombreuses Canções qu'il composa.

Les grands pianistes compositeurs


Au tournant du siècle, de nombreuses sociétés de concerts font entendre au Portugal les compositions et les artistes de toutes nations. La plus célèbre est
l'Orpheon Portuense, fondée à Porto en 1881 par Bernardo Moreira de Sá, personnage incontournable du monde musical de l'époque. Le répertoire de musique pour le piano édité au Portugal va s'enrichir de nouvelles personnalités aussi passionnantes que différentes dans leur démarche musicale. En effet, parmi les compositeurs de la première moitié du XXe siècle, il est intéressant de constater les qualités instrumentales de pianistes tels que Oscar da Silva (1870-1958) ou Luiz Costa (1879-1960) qui, dans la li

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