Bruno Belthoise / écrits

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positeur n'ait réussi à s'imposer pendant ces quarante années. Des recherches restent néammoins à entreprendre sur la personnalité d'Arthur Napoleão (1843-1925), enfant prodige élève de Liszt qui composa pour le piano et émigra au Brésil en 1868, fuyant une période incertaine de l'histoire politique portugaise.
Reconnu tout jeune comme un musicien hors du commun, José Vianna da Motta fut envoyé en Allemagne avec une bourse pour étudier auprès de Hans Von Bullow, Ferrucio Busoni et aussi Franz Liszt qui le prit sous sa coupe et auquel il dédiera une biographie publiée à Porto en 1945. Se fixant à Berlin jusqu'à la guerre, il fit une carrière internationale de pianiste soliste, partageant aussi sa passion pour la sonate avec de grands violonistes tels que Pablo de Sarasate ou Eugène Isaÿe.
Vianna da Motta composa des œuvres tout à fait remarquables, tant pour son instrument que pour la musique de chambre ainsi que pour la voix  dont les
Canções Portuguesas sur des textes d'Almeida Garrett et João de Deus. Dans le domaine de la musique pour piano, il utilise des éléments directement folkloriques pour la série des  Cinq Rapsódias Portuguesas et des Cenas Portuguesas ou bien pour sa Balada op.16, très belle œuvre en forme de variations et basée sur deux thèmes populaires portugais : "Tricana da Aldeia" et "Avé Maria". À propos de cette œuvre très romantique et virtuose, le compositeur écrivit à Luiz Costa en 1921 : "Parmi mes pièces pour piano, la Balada est celle qui m'intéresse le plus."
Avec sa symphonie
A Patria, José Vianna da Motta offrit au Portugal sa première grande œuvre symphonique nationale . De retour au Portugal, le merveilleux pédagogue qu'il était devint directeur du Conservatoire National en 1919 sans abandonner sa carrière de pianiste et entreprit une réforme de fond pour moderniser les programmes pédagogiques de cette institution créée par João Domingos Bomtempo.
Autre compositeur majeur du nationalisme portugais, Francisco de Lacerda (1869-1934), né aux Açores, a non seulement marqué l'histoire de la musique portugaise mais également mené une vie passionnante. Reconnu par son maître Vincent d'Indy comme un chef d'orchestre très doué, il dirigea en France des orchestres différents à Paris, Marseille, Nantes et Toulouse puis en Suisse, à Montreux où il rencontra et forma son élève Ernest Ansermet. Il se lia notamment avec Debussy, Duparc, Satie et se rapprocha de la nouvelle esthétique des poètes et peintres symbolistes français. De retour au Portugal en 1923, il fonda l'Orchestre Philharmonique de Lisbonne. Compositeur sensible et raffiné, il réussit à s'approprier un univers sonore de son temps sans jamais oublier l'esprit populaire. Il crée à travers les
Trovas pour chant et piano une musique "venue du peuple et pour le peuple" et éclaire ses pièces pour piano telles que Lusitanas, Cançao do berço d'une lumière toute lusitanienne.
Parallèlement à ses poèmes symphoniques comme
Adamastor ou Almourol , Francisco de Lacerda possédait une extraordinaire faculté à composer de très courts morceaux pour piano - impressions fugitives - comme autant de "petits chef-d'œuvres à la manière des Haïku" (2). La série des Trente-six histoires pour amuser les enfants d'un artiste est unique car nous sommes ici en face d'une œuvre où, à travers l'humour discret d'un bestiaire, est évoqué le monde magique des émotions de notre enfance. Certaines danses populaires ressurgissent pour évoquer une chanson des pingouins ou un chant et danse nuptiale des morses. On peut rappeler, à propos de son art de la miniature musicale, cette affirmation de Lacerda lui-même selon laquelle "un petit morceau de quelques mesures peut contenir plus de musique qu'une bonne symphonie" (3).

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