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Les compositeurs portugais leur histoire à travers la musique pour clavier (2de partie)
Avec le romantisme, introduit au Portugal grâce aux œuvres de João-Domingos Bomtempo (1775-1842), une nouvelle voie se dessine vers un nationalisme inspiré par la musique traditionnelle. Parallèlement à la musique pour clavier au XIX e siècle, c'est avec le fado, issu du sentiment de saudade qu'il traduit musicalement de manière irremplaçable, que se développe une expression typiquement portugaise. Cependant, si l'on peut considérer le fado comme un langage musical lié à la poésie et à un besoin d'expression originaire de la ville, c'est au contact des chansons populaires et des danses des provinces lusitaniennes que s'est épanouie une nouvelle inspiration dans le répertoire de la musique pour clavier. C'est à partir de ces éléments introduits dans le langage musical qu'une Ecole portugaise est véritablement née, bien que toujours influencée par la musique allemande et surtout française en cette fin de XIXe siècle. Dès lors, il est passionnant de constater qu'à travers les œuvres de compositeurs tels que Vianna da Motta (1868-1948), Francisco de Lacerda (1869-1934) ou Fernando Lopes-Graça (1906-1994), un profond rattachement à la terre portugaise peut s'exprimer dans un langage musical qui devra autant aux influences de Franz Liszt, Claude Debussy ou Béla Bartók qu'à l'inventivité propre de leurs créateurs. En effet, depuis les voyages de João-Domingos Bomtempo en France et en Angleterre, les compositeurs portugais n'auront cessé d'aller perfectionner leur technique d'écriture au contact de maîtres aussi célèbres et divers que Hans Von Bullow, Vincent d'Indy, Paul Dukas, Arnold Schöenberg, Charles Koechlin ou Nadia Boulanger. Cependant, ce qui nous intéresse dans cette étude, c'est qu'au-delà des influences, principalement des fortes influences françaises à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, le Portugal a eu et garde encore aujourd'hui son propre fond musical. Cette réalité, évidente pour ceux qui se penchent sur son histoire musicale, reste encore inconnue en raison d'une diffusion très confidentielle de ces compositeurs au niveau européen.
Vers un nationalisme musical
Les romantiques portugais, comme leurs collègues du reste de l'Europe, se sont donc lancés à la recherche de thématiques musicales issues des provinces rurales afin de les publier mais aussi de les utiliser dans leurs partitions comme l'ont fait le Groupe des Cinq en Russie; Vincent d'Indy, Charles Bordes, Marie-Joseph Canteloube, Déodat de Séverac en France; Isaac Albeniz, Manuel De Falla ou Joachim Turina en Espagne. À partir du travail de Francisco de Lacerda (1869-1934) qui rassembla près de 500 chants populaires en un recueil intitulé Cancioneiro musical portugues, jusqu'à celui de Fernando Lopes-Graça (1906-1994) et Michel Giacometti (1929-1990) qui fixèrent sur bandes magnétiques des enregistrements originaux de chants et danses des campagnes portugaises, une constatation s'impose : le Portugal a réussi à réaliser à l'époque moderne une étonnante synthèse entre la musique savante et les musiques traditionnelles issues de campagnes considérées encore aujourd'hui comme "l'un des derniers refuges des traditions musicales archaïques de l'Europe occidentale" (1). Il me semble donc important de souligner la présence d'un caractère national au sein de plusieurs œuvres pour le piano des plus grands compositeurs portugais des XIX e et XXe siècles. La musique pour clavier portugaise va trouver, grâce à la personnalité de José Vianna da Motta (1868-1948) un essor considérable. Entre la mort de João-Domingos Bomtempo (1842) et les premières œuvres marquantes du jeune Vianna da Motta (vers 1884) il semble qu'aucun com
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