Bruno Belthoise / écrits

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prospéraient. Deux opéras sont construits : le Teatro São Carlos de Lisbonne en 1793 et le Teatro São João à Porto en 1798. Quant à la facture portugaise de clavecin, on peut trouver actuellement au nouveau Museu da Música de Lisbonne l'un des rares exemplaires qui soit parvenu jusqu'à nous, celui du facteur Joaquim José Antunes de 1758. Il témoigne, ainsi que les clavecins plus tardifs de José Calisto, d'une école lusitanienne de très haute facture instrumentale. Dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, les premiers piano-forte, claviers "à marteaux" furent fabriqués en grande quantité par des constructeurs comme Manuel Angelo Villa, Matias Bostem ou Henriques van Casteel à Lisbonne. Certainement inspirées par la sonorité de ces nouveaux instruments, les Dodeci Sonate de Francisco Xavier Batista (?-1797) sont, pour plusieurs raisons, d'une grande importance dans l'histoire de la musique portugaise. Très peu d'éléments nous sont parvenus sur la vie de ce compositeur. Nous savons qu'il fut le principal organiste de la Sé Catedral à partir de 1761. Avec ses sonates, uniques compositions pour clavier éditées au Portugal durant le XVIIIe siècle, F. X. Batista démontre des aspects très originaux, modifiant par exemple l'ordre d'entrée des thèmes musicaux, établissant des rapports harmoniques contrastés entre tonalités majeures et mineures. Contemporaines des sonates du compositeurs João de Sousa Carvalho (1745-1798), ces Dodeci Sonate font évoluer la forme et établissent en quelque sorte, dans un esprit galant et pré-classique, un "pont" entre celles de Carlos Seixas et les sonates de forme moderne écrites par C. Ph. E. Bach et Haydn
C'est avec
João-Domingos Bomtempo (1775-1842) que la musique portugaise allait trouver une voie nouvelle vers un nationalisme musical débarrassé de l'influence italienne. Ce grand musicien portugais choisit la France et passa neuf années à Paris entre 1801 et 1810. Le fait est particulièrement remarquable car tous les musiciens qui l'avaient précédé choisissaient le voyage en Italie, excepté Seixas qui ne quitta jamais son pays. En France, c'est une époque de transformation profonde - Bonaparte était Consul et allait bientôt se proclamer Empereur-. A en juger par les références critiques de la presse parisienne, puis par celles de Londres où il s'exila à partir de 1811 "par solidarité avec ses compatriotes envahis par les troupes napoléoniennes", Bomtempo était considéré comme un pianiste doué d'une grande virtuosité et d'un grand talent de compositeur. Son œuvre pianistique très vaste reflète le niveau technique de son activité de soliste et révèle un désir constant d'actualisation, notamment par l'emploi de nouveautés d'ordre mécanique introduites dans les instruments à clavier alors en pleine évolution (pédales, début du double échappement des pianos Erard...). De retour définitivement dans son pays en 1820, J. D. Bomtempo a tenté d'intensifier la vie musicale de Lisbonne. Il fonda le Conservatoire de musique et la Société Philharmonique. En outre, le Portugal lui doit la révélation de compositeurs tels que Haydn, Mozart, Beethoven. Il introduisit le romantisme grâce à ses concertos, symphonies, son Requiem à la mémoire de Camões... L'œuvre de ce musicien occupe indéniablement une place importante et ce, à juste titre, dans l'évolution de la musique de piano et dans la perspective musicale européenne.

(*) João-Domingos Bomtempo, Joseph Scherpereel (1994) / Francisco de Lacerda, José Bettencourt da Câmara (1996) - collection Présences portugaises en France, Centre Culturel Calouste Gulbenkian, Paris.

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